- Quel est ton parcours, tes études ?
Après le bac et un parcours déjà orienté dans les Arts Appliqués j’ai intégré l’école Boulle en section Tournage.
- Quel est ton métier aujourd’hui ? Explique-nous en quoi il consiste.
Je suis Bronzièr(e) d’art; j’ai choisi de féminiser son métier, il faut savoir qu’il y a quasiment aucune femme qui travaille ce métal. C’est un métier assez physique et qui demande aussi un investissement de départ conséquent notamment pour l’achat des machines (le tour, le polissoir…).
- Quels différents médiums utilises-tu ?
J’utilise principalement le bronze qui va être coulé avec la technique de la cire perdue ou dans des moules de sable, mais aussi le laiton et le cuivre sous forme de tubes, de fils, et de plaques.
- Quelles sont les différentes échelles de tes projets ?
Cela va de la poignée de porte à un paravent d’1,80m, en passant par des luminaires et du mobilier.
Toutes mes créations sont des pièces uniques ou d’une série très limitée. Sachant que le travail de la main, le geste de l’artisan, rendra toujours la pièce unique. Ils révèlent cette la magie de l’aléatoire que seule la main rend possible.
J’aime particulièrement la création de luminaires, faire des recherches autour de la lumière comme source d’éclairage et jouer avec la résonnance sur la matière.
Pour moi il est essentiel de penser l’usage de la pièce en amont. Un objet doit être usuel, il faut faire valoir l’utilité de l’objet autant que son esthétique .
Au delà de cela, j’ai aussi un rapport émotionnel aux objets et à la matière, le toucher est très important. J’aime travailler sur la texture, les différentes patines, les irrégularités que le métal offre.
Tout l’équilibre réside dans la frontière ténue entre le sculptural et le fonctionnel.
- Pourquoi as-tu choisi de t’orienter vers ce métier ?
C’est mystérieux. C’est plutôt lui qui m’a choisi que l’inverse.
Après mon bac en Arts Plastiques j’ai eu envie de voyager , j’ai passé le concours d’école d’art et celui d’une école de tourisme que j’ai intégré et j’y suis resté 3 mois. J’ai ensuite intégré la section tournage à l’école Boulle, ce qui n’était pas mon premier choix à la base.
Et là, j’ai eu une véritable rencontre avec la matière.
- Qu’est ce qui t’apporte le plus de satisfaction dans ton travail ?
Voir la pièce finie par rapport à son croquis initial.
Aussi quand des architectes que j’admire me commande des pièces, c’est très valorisant.
Ce qui m’anime est de créer une unité entre qui je suis et ce que je fais.
- Qui sont tes clients ?
Principalement des architectes et décorateurs. Il y a également quelques galeries.
Il y a beaucoup de projets à l’étranger mais mené par des architectes français.
- Quel est ton rapport à la décoration ?
C’est une deuxième passion après la matière.
Je suis très sélective dans mes choix. J’aime les objets avec une originalité qu’ils invoquent des émotions. Je me demande toujours « Vais-je toujours l’aimer et ne pas m’en lasser ? ».
- Soigner ton intérieur a-t-il de l’importance ?
Oui c’est primordial, autant mon lieu de vie que l’atelier et mon extérieur.
J’ai un caractère perfectionniste et ordonné. J’ai même tendance à plus soigner mon lieu de vie que moi-même. Avec mon conjoint Samuel Latour qui est aussi très sensible à la décoration nous concevons notre intérieur en duo. On se rejoint assez vite.
- Quels sont tes objets fétiches ? Chez toi ou à l’atelier ?
Ma montre swatch pour l’atelier, elle ne me quitte jamais. Je dois en racheter une tous les ans car avec la travail de l’atelier elle s’use très vite.
Et aussi mon agenda papier Moleskine. Je ne peux pas m’en passer, je suis organisée et très carrée sur les horaires.
- Comment vois-tu l’écologie et le développement durable dans l’habitat, la décoration ?
Ma vision est de dire qu’il faut retrouver des matériaux durables, acquérir des objets qui se transmettent, d’autres qui ont été conçus avec des matériaux de réemploi. Un mot d’ordre, utiliser que du bois massif.
C’est ce à quoi je m’applique en créant des pièces qui vieillissent bien et sont intemporelles.
Il faut convaincre de consommer durable…
- Quel serait le projet de tes rêves ?
Une carte blanche sur un objet qui n’existe pas encore. Qu’on me commande une pièce en me laissant libre de proposer mon interprétation de l’objet sans interférer dans tout le processus créatif et de fabrication.
De l’étude de prix, à l’étude technique en passant par le dessin.
Le client donne l’impulsion de départ et ensuite il accepte de ne pas maîtriser le processus de création et fabrication. Tout repose sur la confiance.
L’inattendu et l’accident font la beauté de l’objet.
Le « défaut » est mis en valeur et créer son unicité. Cette patte de la main de l’homme , de l’artisan qu’il faut accepter.