- Quel est ton parcours, tes études ?
Une fois mon bac arts appliqués en poche, j’ai intégré une école d’art et design en belgique. Je me suis formée à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles en section design textile. J’y ai découvert les techniques textiles artisanales et industrielles : le tissage, la maille, la broderie, la sérigraphie, la teinture, le feutre, la création de motif.
- Quel est ton métier aujourd’hui ?
Je suis artiste et artisan d’art.
- Quels différents médiums utilises-tu ?
Mon médium essentiel est le tissage, de temps en temps je l’associe à d’autres techniques textiles comme la teinture, le feutre ou la broderie.
- Qu’est-ce qui t’apporte le plus de satisfaction dans ton travail ?
J’aime le rapport au temps qu’impose le tissage. Mon savoir-faire est très méditatif, produire c’est aussi une déconnexion avec le monde extérieur. J’aime la poésie de mon métier. Il m’apporte beaucoup de sérénité au quotidien.
Aussi, je suis très sensible au fait de voir la pièce se composer et se structurer sous mes yeux. Fils après fils je sens sous mes doigts la naissance de l’œuvre. Le travail de tissage est long et fastidieux, cela rend d’autant plus magique la création, puis la découverte de la pièce.
- Qui sont tes clients ?
Des agences d’architectures, des décorateurs, des collectionneurs d’art et quelques particuliers amateurs d’art.
- Quel est ton rapport à la décoration ? Soigner ton intérieur a-t-il de l’importance ?
Un peu à la Charlotte Periand, j’aime le vide. Paradoxalement, un mur blanc et vide ne me dérange pas, bien au contraire. J’aime respirer dans un intérieur épuré et sobre.
Mais, par touche, la couleur à son importance.
- Quels sont tes objets fétiches ? Chez toi ou à l’atelier ?
Mon métier à tisser est mon objet préféré de la terre entière.
Mais sinon, je m’entoure des cartes postales d’expositions envoyées par mes proches qui pensent à moi à un moment précis. J’ai aussi des tissages, des dessins et photos d’amis artistes. J’ai la chance de vivre entourée de créatifs de tous horizons, j’ai à l’atelier ma petite collections d’art.
- Quel est ton rapport à la couleur ?
Mon rapport à la couleur évolue selon mes envies et projets. Actuellement, travaillant le bois et les matières naturelles, les teintes neutres ont toutes leurs places dans mon travail car mon objectif pour cette série est de laisser le matériau s’exprimer. Le noir et le blanc ont une place importante dans mon travail.
Mais par touche, la couleur est là. Pour notre collaboration de luminaire avec Angélique Delaire, j’ai proposé des teintes plus vives et acidulés, j’ai adoré changer mes habitudes pour ce projet. Celui-ci m’a donné envie de développer davantage la couleur. Le tissage permet de travailler le fil à fil, ce qui me permets de proposer des gammes subtiles et douces. Le dégradé à une grande place dans mon travail. J’aime la couleur végétale, les techniques de teintures dites « aléatoires » – temps de bain très court par endroit, plus long à d’autres- aux effets marbrés créant la surprise dans le tissage.
- Comment vois-tu l’écologie et le développement durable dans l’habitat, la décoration ?
Comme le disait si bien Antoine de Lavoisier, déjà au 18eme siècle : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » Ma ligne directrice est d’utiliser les gestes et les outils d’autrefois, dans le but de sublimer les ressources recyclées et biosourcées disponibles. Je souhaite contribuer à ces modes de production plus raisonnables et raisonnés. Produire et consommer moins mais mieux. Je pense que c’est la base.
- Quel serait le projet de tes rêves ?
Mon projet est justement de rester tolérante aux changements de programme en restant ouverte aux opportunités qui se présentent. Mais je dirais que propulser mon travail de tissage à l’échelle monumentale pour développer l’installation et la scénographie serait une grande fierté.
Continuer à collaborer avec d’autres artistes et artisans est une grosse envie également.
Sur le plan personnel, je crois que le gros projet de ma vie est de renforcer l’harmonie entre la sphère privée et la sphère professionnelle. Traverser l’existence avec joie, de façon sereine en me laissant surprendre par les rencontres et les projets.