Barbara crée des objets textiles en teinture naturelle, uniques et issus du vivant. Son laboratiore créatif est basé à l’île de ré.
- Quel est votre parcours, vos études ?
J’ai fait une école de commerce internationale à Paris. A l’époque c’était la seule au sein de laquelle on pouvait étudier à l’étranger. En réalité, j’aurais aimé faire les Arts Déco ou Camondo.
Ensuite, j’ai travaillé dans l’immobilier d’entreprise et très vite j’ai refait une formation dans un atelier textile (Atelier Marie Gouny) et à l’IESA (qui forme les antiquaires) pour revenir à mes premiers amours.
J’ai ensuite travaillé dans une boutique de décoration dans le Nord puis je suis devenue responsable du showroom de peinture Ressources à Lille. J’ai alors suivi une formation de coloriste. Ce fut une expérience que j’ai adorée. Je faisais des chantiers de décoration en Belgique et dans le Nord de la France.
Ensuite, j’ai intégré le groupe Fromo Delorme qui avait ouvert un grand showroom de décoration, j’ai aussi eu l’occasion de développer une gamme de peinture en interne. Ma couleur étant toujours omniprésente dans ma vie professionnelle.
- Quel est votre métier aujourd’hui ? Expliquez-nous en quoi il consiste.
Après avoir travaillé 15 ans dans la décoration d’intérieur, aujourd’hui je touche à plein de choses différentes. Je suis à la fois artisan, créatrice, teinturière, couturière.
Je fais tout de A à Z et surtout je me fais plaisir. C’est aussi un moment de ma vie où cela m’est possible.
La teinture naturelle est un processus très long. Il y a un grand travail de recherche sur les propriétés des plantes. Je donne une nouvelle vie à des textiles anciens en les sublimant.
Il faut connaître celles qui sont celles qui sont grand teint ou petit teint. C’est à dire celles qui vont résister à la lumière et au lavage dans le temps.
C’est aussi les expérimentations qui permettent de savoir quelles sont les teintes obtenues et leur tenue selon les fibres textiles utilisées.
- Quels différents médiums utilisez-vous?
Cela a quelque chose de très aléatoire, selon la saison, que les légumes et fruits soient bio ou pas.
J’utilise principalement des matières nobles qui ont un vécu. Pour les doublures j’utilise des cotons imprimés ou des lins upcyclés. Il y a les ingrédients naturels, le végétal et les supports qui sont des linges anciens; principalement du lin, du coton, du chanvre et du métis.
Il y a tout le travail de mordançage, c’est à dire de préparation des tissus afin que les teintures s’imprègnent dans la fibre.
Je crée des sacs, des trousses, des bananes, des tuniques. Egalement, des objets autour de l’univers de la maison comme des coussins, des sets et des chemins de table. J’aime beaucoup dresser de belles tables en utilisant de la vaisselle ancienne et voir le regard émerveillé de mes convives.
Surtout, tout est fait en série limitée. Ce sont des pièces uniques car la teinture a quelque chose de très aléatoire. D’un bain à l’autre il y a toujours des différences de teinte.
- Quelles sont les différentes échelles de vos projets ?
J’aime suivre la mode pour proposer des formes dans l’air du temps. Par exemple cet été j’ai créé des bananes doublées de tissu fantaisie.
- Pourquoi avez-vous choisi de vous orienter vers ce métier ?
J’aime que les choses soient faîtes dans les règles de l’art, je porte une attention particulière aux finitions.
Jai eu une véritable prise de conscience de la valeur de la nature. Mon travail est cohérent avec mes valeurs personnelles.
Il me permet aussi de faire passer un message, celui de connexion à la nature et de valorisation de textile ancien et de savoir-faire ancestraux.
- Qu’est-ce qui vous apporte le plus de satisfaction dans votre travail ?
Il y a beaucoup de choses:
Pouvoir sublimer des tissus en leur redonnant une nouvelle vie
Créer une collection à partir de matières nobles en utilisant un savoir-faire ancestral.
Je suis émerveillée à chaque fois que les tissus sortent d’un nouveau bain et de la vibration des couleurs. Il y a une réelle satisfaction à créer à partir de la nature qui offre une palette de nuances incroyables.
Tout cela en préservant la nature. Il y a comme une transmission.
- Qui sont vos clients ?
Des particuliers essentiellement.
C’est toute la démarche qui leur plaît . Mes clients sont des personnes qui ont une conscience écologique plus ou moins forte mais qui en tout cas sont sensibles à ces enjeux de consommation plus raisonnée. Ils sont sensibles à l’environnement et au travail artisanal, ainsi qu’au Made in France.
A l’ile de Ré je suis distribuée dans une boutique à Ars en Ré.
Il y a un vrai travail de communication et d’éducation à faire autour des démarches écoresponsables, de faire avec l’existant et avec la nature.
- Quel est votre rapport à la décoration ? Soigner votre intérieur a-t-il de l’importance ?
Evidemment la décoration est très importante pour moi. Elle est éclectique, c’est un joyeux mélange d’objets de famille et d’autres plus modernes. Une harmonie se créé et j’ai besoin de me sentir bien chez moi. A l’île de ré, on est vraiment dans le camaïeu de vert inspiré des volets de l’île de ré sur lesquels je me suis documenté.
Pourquoi sont-ils verts ?
Afin de peindre les coques des bateaux, les pigments bleus étant trop chers, pour la population plutôt rurale de l’île, ils utilisaient des pigments issus de la nature mélangés avec du cuivre afin d’obtenir du vert. Avec le reste de peinture ils peignaient donc leurs volets.
Je me suis vraiment interrogée sur le sujet, et j’en ai fait le point de départ de l’harmonie colorée de ma maison.
- Quels sont vos objets fétiches ? Chez vous ou à l’atelier ?
J’ai une collection de pichets en grès, récupérés de chez mes parents notamment. J’ai aussi un mortier très ancien qui me sert pour moudre certains végétaux auxquels je suis attachée.
- Comment voyez-vous l’écologie et le développement durable dans l’habitat, la décoration ?
Déjà avec la marque de peinture Argile que je distribue à l’île de ré, je suis engagée dans cette démarche. Ils ont un taux de COV très bas et même une gamme biosourcée.
J’essaye d’utiliser le maximum de matériaux sains et naturels même si c’est compliqué de construire de manière classique à 100% avec des matériaux biosourcés.
Aussi, par le réemploi de matières déjà existantes, notamment le textile dont j’ai un stock que je transforme en rideaux, coussins, doublure de mes créations…
Tout comme l’achat d’objets vintage qu’on peut retransformer et qui reste de loin la solution la plus écoresponsable.
- Quel serait le projet de vos rêves ?
J’aimerais pouvoir développer d’avantage mon activité en ayant un circuit complètement intégré, de la culture des plantes tinctoriales à leur transformation en objet finis. Que ce soit à la fois un lieu de culture, de création et de transmission. Là où je suis le plus épanouie c’est quand je créé.