céramiste
Depuis l’enfance Sabine touche à la terre. Puis à 22 ans, elle a arrêté de la façonner et y revient à plein temps en 2010 pour s’y consacrer comme activité professionnelle.
Sabine a notamment été designer textile jusqu’à ce qu’elle élève ses enfants à temps plein. Pour elle la céramique et les passions créatives se vivent à 100% sinon rien. Elle s’y implique corps et âme.
Quelle est votre métier ?
Céramiste. Même si parfois dans la définition de son activité quand elle fabrique des objets utilitaires du quotidien elle pourrait se nommer potier. Nous avons eu un échange sur la terminologie du métier. Plus jeune dans les années 70 on parlait de potier et ensuite ce terme à une connotation moins valorisante, céramiste était un terme plus « noble ». Alors qu’aujourd’hui, de plus jeunes céramistes ont tendance à se revendiquer potier comme un retour aux sources, à la terre, a l’essentiel. Produire un objet concret.
Quel lien faîtes vous entre la céramique et la décoration ?
Le lien se fait avec les fleurs et les plantes en créant des contenants pour les mettre en valeur. Comme des vases pour lkébana. Elle est en recherche d’épure et cherche à travers la mise en scène de ses objets à créer une ambiance pour que chacun puisse ensuite se les approprier. Le fil conducteur entre la céramique et la décoration se fat par la couleur, l’alchimie des émaux créant un univers onirique de lui- même.
De prime abord, Sabine ne cherche pas à créer des objets dans le but de décorer mais pour leur fonction, un plat, un saladier, des vases, des coupelles à Bonsaï. En y réfléchissant elle créée aussi des objets sans fonction comme ses galets ou oiseaux qui viennent dialoguer avec les coupelles servant d’abreuvoir aux oiseaux et créant de la vie dans le jardin ou sur une terrasse.
Qui sont vos clients ?
Majoritairement des particuliers en vente directe à l’atelier ou lors de salons d’exposition autour du Bonsaï. Beaucoup de gens passionnés par l’artisanat et le Bonsaï qui cherchent à mettre en valeur leurs plantes.
Il lui arrive aussi d’avoir des commandes des restaurateurs tels La Table du 11 à Versailles (restaurant étoilé du Chef Jean-Baptiste Lavergne-Morazzani)
Qu’est-ce qui vous procure le plus de satisfaction dans votre travail ?
Elle répond tout de go sans hésitation « l’ouverture du four » comme une enfant qui déballe ses cadeaux à Noël avec la surprise du résultat de la cuisson des émaux.
Le tournage est aussi pour elle un moment de plaisir et de détente comme une méditation car il faut être à la fois concentrée et détendue. Avoir une gestuelle assurée mais en légèreté afin d’obtenir la forme attendue.
La vie de l’atelier est faîte de nombreuses tâches. Elle travaille aussi à la plaque, il y a les étapes de cuisson, d’émaillage. Il faut aussi épargner son corps si on veut le préserver dans le temps et lui donner des moments de répits car le tour est une pratique qui reste exigeante pour le corps.
Quelles sont vos sources d’inspirations ?
Le Japon évidemment, pour l’épure et l’acceptation de l’imperfection. Cette culture et la pratique de la céramique qui y est faîte, lui ont appris a voir l’exigence de la forme tout en acceptant que chaque pièce ait son unicité et non la perfection de pièces manufacturées.
Le regard du public son travail l’a poussée aussi à faire évoluer son style et ses recherches d’émaux.
L’art du Bonsaï, passion de son mari, l’a amenée a créer des objets mettant en valeur ces plantes.
Les étapes de fabrication
1/ On part d’un bloc de terre et on s’équipe de l’estèque, de l’aiguille et d’une éponge humide.
2/ On bat la terre pour la rendre homogène et enlever les bulles d’air.
Cela se fait sur une surface en bois qui conserve l’humidité et évite à la terre de rester collée.
3/ On passe au tournage équipée d’un saladier d’eau car on doit toujours avoir les mains humides pour qu’elles glissent sur la terre.
On pose fermement le bloc de terre au centre du tour afin qu’il reste stable et centré.
4/ En faisant tourner la plaque du tour à l’aide d’une pédale on va à l’aide des mains descendre la terre, la creuser en laissant le fond. Puis on l’ouvre afin de nettoyer le fond. Enfin on la referme et on monte la pièce afin de lui donner la forme souhaitée (vase, saladier. pichet…)
On travaille toujours avec les deux mains et la pièce mouillée pour que le geste soit fluide. Une main dedans et l‘autre à l’extérieur vont pincer la pièce pour lui donner son galbe et sa finesse.
Une fois la forme terminée, on coupe la pièce avec un fil à beurre afin de la détacher du tour.
5/ Séchage. Vient ensuite le temps de séchage qui varie selon les terres et a taille des pièces.
6/ Tournassage. On remet la pièce sur la tour pour l’affiner, dessiner son pied, donner des effets de textures ou bien la lisser…
7/ 1ere Cuisson à 980°C
8/ Emaillage. Il existe différentes techniques d’émaillage et une variété infinie de couleurs d’émaux. Chaque céramiste a ses spécialités et ses recettes. C’est ce qui va donner la couleur à la pièce
9/ 2e cuisson à 1240/1280°C. c’est là que la réaction chimique des émaux se fait pour donner aux pièces leur couleurs finales.
La quantité d’émail apposé, la terre utilisée, les autres pièces présentes dans le four, sont autant de paramètres variables qui feront que chaque pièce sera unique et que l’ouverture du four soit un émerveillement permanent.