- Quel est ton parcours, tes études ?
J’ai étudié à l’université d’architecture à Rome où j’ai eu mon diplôme d’état
J’ai exercé en tant qu’architecte à différentes échelles dans des cabinets ou à mon compte. Cela allait de la rénovation d’hôtel, de salles de cinéma, pour des particuliers et en maitrise d’œuvre pour des aménagements de boutiques haut de gamme.
En parallèle j’ai suivi des cours à la Sainte Martins School en set design car j’ai aussi eu une casquette de scénographe à une période.
En 2021, j’ai fait évoluer ma pratique vers un travail plus d’artisan d’art en me formant sur un bloc de compétences terre à l’école européenne d’art et métiers d’Albi.
Ma nouvelle pratique est née de ma volonté de ralentir et de changer de rythme de vie. Je me suis approchée de la terre crue de manière très douce et évolutive. J’ai pris une pause et petit à petit j’ai commencé à étudier sur les éco constructions et à tomber littéralement amoureuse de cette matière qu’est la terre crue. J’ai commencé à faire mes expérimentations de façon autodidacte au départ en récoltant des terres dans différents territoires.
- Quel est ton métier aujourd’hui ?
Je dirais qu’aujourd’hui je suis artisane d’art et je réalise des revêtements muraux écologiques avec la matière terre. Ce sont des enduits en terre crue avec une forme valeur ajoutée artistique.
J’ai encore un peu la casquette d’architecte qui me permet aussi de savoir appréhender les projets de mes clients dans leur ensemble lorsque je réalise des fresques en terre crue.
Le fait d’être devenue maman l’année dernière participe à cette volonté de vivre cette expérience vers plus de naturalité. J’ai aussi souhaité ralentir mon rythme et être indépendante pour favoriser l’équilibre avec ma vie de famille.
- Quel est ton rapport à la décoration ? Soigner ton intérieur a-t-il de l’importance ?
Evidemment ! Dans ma nouvelle pratique la décoration d’intérieur est très importante même si parfois elle peut avoir une image négative de superficialité. J’ai tendance à réfuter cette idée car l’ambiance d’un lieu à un effet psychologique majeur sur les personnes qui occupent ces espaces. Et d’autres part nos intérieurs sont extrêmement pollués. De par les matériaux et de part la construction des bâtiments aux mêmes. Ils peuvent être complètement étanches et irrespirables. La peau interne d’un bâtiment est filtre entre nous et l’habitat. Il est primordial de soigner cela.
C’est en ça que la décoration d’intérieur est une démarche globale de faire des choix en conscience des bons matériaux, meubles, peintures pour vivre mieux tant que le plan psychologique que de la santé.
- Quels différents médiums utilises-tu ?
Mon médium est principalement la terre crue. Je suis plutôt puriste. Je peux y adjoindre des matières naturelles comme des fibres de lin ou des coquilles d’huitres par exemple. Ce sont des matières naturelles que j’essaye de recycler au maximum dans cette démarche vertueuse.
- Qui sont tes clients ? Quelles sont les différentes échelles de tes projets ?
Ce sont des architectes et des particuliers, des prestataires parfois.
L’échelle des projets est d’environ une quinzaine de m2 pour des fresques qui mettent en valeur un mur en particulier. Elles sont envisagées d’avantage comme un décor qu’un revêtement à proprement parler. Il y a un grand travail de recherches et d’expérimentations sur les teintes de terres et le rendu des textures afin de créer des décors uniques à chaque projet.
La démarche étant dans l’idéal de pouvoir récolter la terre localement afin d’inscrire le projet dans son territoire. A Paris, cela est plus complexe.
Tout projet débute par des échantillons et je propose un style qui reflète mon univers artistique en fonction du brief des clients au départ.
- Qu’est ce qui t’apporte le plus de satisfaction dans ton travail ?
Le fait d’utiliser une matière une matière qui est 100% naturelle et qu’elle est une ressource que l’on trouve sous nos pieds.
Ce qui en fait une ressource accessible, j’aime la démarche de l’ennoblir et la sublimer en un décor vibrant qui va résonner avec son environnement dans des projets de décoration et architecture d’intérieur.
J’ai aussi beaucoup de satisfaction de voir la satisfaction chez mes clients.
C’est ce qui me manquait dans mes expériences professionnelles passées, cette sensibilité à la matière et la connexion à la nature.
- Quel est ton rapport à la décoration ? Soigner ton intérieur a-t-il de l’importance ?
Evidemment ! Dans ma nouvelle pratique la décoration d’intérieur est très importante même si parfois elle peut avoir une image négative de superficialité. J’ai tendance à réfuter cette idée car l’ambiance d’un lieu à un effet psychologique majeur sur les personnes qui occupent ces espaces. Et d’autres part nos intérieurs sont extrêmement pollués. De par les matériaux et de part la construction des bâtiments aux mêmes. Ils peuvent être complètement étanches et irrespirables. La peau interne d’un bâtiment est filtre entre nous et l’habitat. Il est primordial de soigner cela.
C’est en ça que la décoration d’intérieur est une démarche globale de faire des choix en conscience des bons matériaux, meubles, peintures pour vivre mieux tant que le plan psychologique que de la santé.
- Quels sont tes objets fétiches ? Chez toi ou à l’atelier ?
Je n’en ai pas, mis à part la terre. Je suis très peu attachée aux objets et suis plutôt dans une conception minimaliste avec l’envie de me libérer des objets.
Moins j’ai mieux je me sens. C’est pour cela que l’objet fétiche ne me parle pas du tout.
- Quel est ton rapport à la couleur ?
Il est très important, je suis perfectionniste sur la couleur. La couleur m’apaise depuis petite. J’ai toujours eu cette dimension artistique dans ma vie à travers ma passion pour la couleur omniprésente. On ouvre un grand chapitre d’émotions.
Apparemment les femmes sont plus sensibles à la couleur et perçoivent beaucoup plus de tonalités de couleur.
Je peux passer des journées entières à calibrer des couleurs avec la terre. J’utilise très rarement des pigments mais je joue avec les couleurs des argiles en les mélangeants entre elles pour créer d’autres tonalités et là la variable est infinie et c’est magique.
Les phases de tests sont essentielles.
J’aime beaucoup depuis toujours les teintes chaudes de terre cuite, de l’ocre aux bruns et les verts aussi sont une palette infinie de dégradés de teintes qui me fascinent.
- Comment vois-tu l’écologie et le développement durable dans l’habitat, la décoration ?
Vivre dans un lieu sain est bénéfique aussi bien sur le plan psychique que psychologique.
L’industrie du bâtiment est une des plus polluantes au monde et si on arrive à transformer chacun à notre échelle ce milieu et lui donner une approche plus écologique sera bénéfique pour tous.
Il faut trouver et apporter des solutions alternatives au béton.
Je suis une vraie combattante sur ce sujet et c’est le cœur de ma démarche.
Mon bagage d’architecte m’amène à aujourd’hui vouloir travailler autrement et être actrice du changement à mon échelle en sensibilisant mes clients.
Je me définie comme ambassadrice de la terre crue pour la promouvoir tant pour la construction que comme œuvre plus artistique er durable.
Aujourd’hui je suis alignée avec mes valeurs et le sentiment de faire quelque chose de bien.
- Quel serait le projet de tes rêves ?
Mon rêve serait d’avoir créé une harmonie entre tous les éléments de ma vie, un équilibre pas trop cloisonné et flexible qui me permettent de jongler entre ma vie personnelle et les différents projets professionnels.
Je travaille au développement de mon activité afin d’arriver au graal qu’on vienne me chercher sans avoir besoin de démarcher. J’aime aussi la polyvalence de ma pratique ; échanger avec d’autres, m’enrichir que ce soit à travers des collaborations ou la transmission lors de stages.
Je me vois vivre dans un lieu plus au Sud en connexion avec la nature sans être top isolée non plus.
Mon projet professionnel est intimement lié à mon projet de vie familiale dans une harmonie de sens et de valeurs.