- Quel est ton parcours, tes études ?
J’ai fait un master en relations internationales. Je n’ai eu aucune formation artistique universitaire à la base.
J’ai été pigiste pendant 1 an et ½ et ensuite de manière organique j’ai commencé le design des premières lampes, les Spoutnik. Cela a débuté il y a 8 ans.
- Quel est ton métier aujourd’hui ? Expliques-nous en quoi il consiste.
J’ai toujours un peu de mal à le qualifier, généralement je réponds que je suis dans le design et si on m’en demande plus, je précise que je suis designer, artisan et aussi peintre et photographe.
- Quels différents médiums utilises-tu ?
J’utilise le fil, le bois, le métal, la toile, la peinture, l’appareil photo. Et aussi tous les matériaux sur lesquels je n’interviens pas directement mais qui sont utilisés dans mes créations ; les carcasses de lampe, le verre, la céramique…
- Quelles sont les différentes échelles de tes projets ?
J’ai commencé à créer les lampes, le modèle Spoutnik puis les Jupons, ensuite il y a eu les vases en céramique, les maillots de bain éco-responsable. J’ai toujours eu plusieurs projets de design en parallèle.
Suite au Covid à partir de 2021/22 j’ai lancé d’autres nouveaux produits avec un afflux de commandes et d’intérêt pour mes créations.
Pour ce qui est de la peinture, je peins depuis le plus jeune âge. Je m’y suis remise et j’ai commencé à les vendre avec notamment le succès d’un tableau « vagues » qui a été énormément relayé sur internet. J’ai rapidement été démarchée par la galerie Wilo & Grove pour exposer et vendre mes tableaux.
Les lampes tissées sont celles qui occupent le plus mon quotidien à l’atelier.
- Qu’est ce qui t’apporte le plus de satisfaction dans ton travail ?
Le succès qui est une forme de reconnaissance. Ce qui me fait le plus plaisir c’est de recevoir des messages disant « j’adore votre travail ». C’est encourageant.
Cela compense la pénibilité physique du travail manuel du tissage quand il devient trop long, cela bien que j’adore ce travail d’artisan. Au bout de 7 ans j’aime toujours autant le faire. Sinon je pense que je serais passée à autre chose.
J’apprécie aussi beaucoup les phases de développement avec d’autres artisans. Ils ont toujours des choses à m’apprendre et partager.
- Qui sont tes clients ?
J’ai autant des particuliers que des architectes qui achètent mes produits. On me contacte également en direct via instagram pour des commandes.
- Quel est ton rapport à la décoration ? Soigner ton intérieur a-t-il de l’importance ?
J’ai eu une frustration d’intérieur depuis que je suis adulte car je vis à Paris et que les m2 sont forcément réduits avec des moyens financiers aussi limités. Je sais que si j’avais un budget plus conséquent et d’avantage de surface je partirais complètement « en cacahouète » dans mon intérieur. Je passerais mon temps à décorer, chiner…
Mon changement de vie à Marseille va certainement me permettre d’assouvir cette envie et cette passion. Il y a aussi le phénomène d’être locataire qui limite aussi les possibilités d’aménagements et les choix des matériaux que l’on ne choisi pas.
J’ai hyper hâte de pouvoir créer mon nid marseillais et de façonner un intérieur qui nous ressemble. Cela fait des années que je chine des objets et des meubles que j’entasse chez mes parents en attendant.
- Quels sont tes objets fétiches ? Chez toi ou à l’atelier ?
Les tableaux que j’ai à la maison car ils ont tous une histoire.
Celui de mon amie Inès Hadjhacene. Les autres sont des tableaux offerts par mon père.
Celui entre les fenêtres au stylo bille d’Adrien Seguin que j’apprécie particulièrement.
Aussi les fauteuils Alki de Giancarlo Piretti que j’ai fait retapisser et que j’adore. Pour la petite anecdote, je suis toujours en stress quand quelqu’un s’y assoit, j’ai même interdit de boire du café ou du vin dessus !
- Comment vois-tu l’écologie et le développement durable dans l’habitat, la décoration ?
C’est un peu compliqué car finalement acheter des objets et de la décoration n’est pas un acte écologique en soit. Après on peut le faire de manière beaucoup plus consciente que d’autre.
Pour moi il faut sourcer les matériaux et la fabrication la plus locale possible. Et arrêter d’acheter dans les grandes enseignes pas chères. Les gens ne se posent pas la question de savoir pourquoi ce n’est pas cher. Bien que je comprends ces achats impulsifs et que tout le monde n’a pas forcément les moyens d’acheter de l’artisanat.
Je trouve qu’acheter d’occasion reste la meilleure alternative éco-responsable.
Je préfère attendre d’acheter un objet que je sais que je vais garder et que je vais chérir plutôt que de céder à une envie impulsive.
Par exemple, je n’achète plus mes verres chez ikea, je les achète chez un artisan, soufflés à la bouche, certes plus chers mais ils me procurent de la joie et de l’affection au quotidien.
De même avec ma garde-robe je fais beaucoup plus attention aux matières, au lieu de fabrication et surtout à acheter moins.
- Quel serait le projet de tes rêves ?
J’aimerais vraiment dessiner et faire éditer un fauteuil. L’assise est un sujet technique que j’ai à cœur de développer.
En termes de vie personnelle, acheter notre appartement à Marseille et avoir notre maison dans les Cévennes pour l’été. Mon père y vit et c’est mon lieu de cœur. J’aime bien les appartements et la vie en ville car j’aime être haut perchée et avoir la sensation de respirer. J’ai été un chat dans une autre vie.
Voilà c’est assez modeste mais réalisable.